La belle réponse des P&J Hunters à un article biaisé
Article paru dans le magazine LE FOUILLEUR n°60.
Il y a quelques mois, le Républicain Lorrain publiait un article qui stigmatisait les prospecteurs de loisir. On pouvait y lire les stéreotypes habituels comme quoi les prospecteurs sont tous des pilleurs potentiels etc…Cet article nous y avons réagi sur le site viveladetection.fr invitant les prospecteurs à en faire de même. 2 utilisateurs de détecteurs de métaux lorrains ont trouvé une plaque de soldat et ont pu remonter à son propriétaire. Cette belle histoire a été publiée par le même journaliste qui avait publié le quolibet quelques mois auparavant, réparant ainsi un peu du mal qui avait été causé. C’est l’un des buts de Viveladetection et de cette rubrique du magazine: donner les armes aux prospecteurs pour qu’ils puissent se défendre et défendre leur loisir dont l’image est injustement écornée.
Un article à charge stigmatisant notre communauté remplis de fausses vérités
Un journaliste a publié un article le 30 mai Fouilles sauvages : le cri d’alarme des archéologues. Cet article n’est un copier-coller des mêmes âneries débitées par nos détracteurs et hélas relayées par certaines DRAC.
Voici quelques extraits du quolibet qui nous ont fait bondir et qui ont mérité une mise au point:
« Sans aucune autorisation, ils grattent, creusent, trouvent parfois. »
L’auteur sous entend que les prospecteurs n’ont aucune autorisation ce qui est faux. Rappelons que l’autorisation du propriétaire est nécessaire avant d’entamer toute recherche au détecteur. Même dans notre pays qui tend de plus en plus vers un communisme mou,la très grande majorité respectent encore le principe de propriété privée. Ensuite l’auteur interviewe un archéologue de la DRAC qui regrette la détection nocturne sur des sites en cours de fouille:
« A côté de l’Ensam, à Metz-Grigy, on a découvert une nécropole. Dans la nuit, elle a été fouillée. Quand nous sommes revenus, tout avait été saccagé, il n’y avait plus rien à en retirer »
Il ne s’agit pas ici de détection de loisir mais d’un pillage archéologique, un acte inadmissible et condamné pénalement. Nous ne pouvons qu’être solidaire des archéologues qui doivent lutter contre ce fléau. L’auteur de rappeller ce que risque encouru en cas de pillage:
Le pillage d’un site ou sa dégradation peut être puni de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 € d’amende pour une personne seule, jusqu’à 150 000 € s’il y a des complices…
En me forçant à aller plus loin dans la lecture de l’article, une lueur d’espoir jaillit cependant. Notre auteur prend en effet soin de séparer le bon grain de l’ivraie; il distingue le bon chasseur (de trésor), féru d’histoire du mauvais chasseur, le pilleur spécialisé: L’auteur rappelle qu’évidemment, les archéologues sont confrontés à deux cas de figure. Les amateurs de bonne foi, férus d’histoire (ci-contre) et les pilleurs spécialisés. Les premiers oublient parfois l’essentiel : toute fouille est soumise à autorisation, toute découverte doit être déclarée au service archéologique le plus proche. Les seconds, eux, représentent un fléau, de plus en plus rentable. L’auteur explique ensuite qu’en France, il y a un paradoxe. La possession d’un détecteur de métaux n’est pas interdite. Son usage est soumis à autorisation, même dans son propre jardin. Bien peu le savent. Dans ce cas, pourquoi ne pas en interdire l’achat ? Parce que des entreprises de travaux en ont besoin…Ceci est la première inexactitude. En effet, seules les fouilles d’objets pouvant intéresser l’art l’archéologie ou l’histoire requièrent une autorisation administrative comme le résume l’article L542-1 du Code du Patrimoine (reprenant la loi 89-900)
«Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d’objets métalliques, à l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.»
Reportez vous ici pour voir les lois en France: http://www.viveladetection.fr/loi-francaise/
L’auteur reprend ensuite les mots de Murielle Leroy directrice du SRA.
« Il y a eu des fouilles sauvages à la pelle mécanique en Champagne. Des réseaux mafieux louent des avions pour détecter des sites avec de la photo aérienne ; dans la Champagne crayeuse, ils y sont plus visibles… Le pillage devient une activité plus rentable, pour le grand banditisme, que certains autres trafics », poursuit Murielle Leroy du SRA Alsace-Champagne.
Là encore c’est du grand n’importe quoi. Aucune preuve ne vient étayer ces accusation outre la tristement célèbre affaire du vigneron qui s’est déroulé en 2014. Ce dernier louait un avion pour repérer des sites qu’il allait ensuite piller pour ensuite revendre ce qu’il trouvait. Là encore c’est un fait isolé. Ce n’est parce que quelques individus s’adonnent à des fouilles sauvages sur l’un des 33000 sites (!!!) de Lorraine, que des centaines de pilleurs écument systématiquement ces derniers.
Le même mois un autre article lapidaire de quelques lignes est paru dans la Voix du Jura. Il y est fait allusion à un très faible nombre de faits de pillages. L’article indique que de 2013 à 2016 seulement “Sept infractions ont donné lieu à l’ouverture d’une procédure pénale”…On est donc loin là encore des centaines de pilleurs et réseaux mafieux annoncés dans l’article, d’autant qu’il y a en France entre 100000 et 150000 prospecteurs de loisirs.
La réponse du berger à la bergère
Vous l’aurez compris, cet article nous a un peu échaudé, d’autant que l’auteur ne donne pas la parole aux prospecteurs. Ils se content d’un seul point vue ce qui est une faute. Ce n’est hélas pas la première fois, puisque dans son édition du 23 mars 2014 était publié un article intitulé «Les pillards de l’Histoire dans le collimateur». On y retrouvait déjà toujours les mêmes chiffres fantaisistes inventés par l’Happah avec les mêmes intervenants (Eric Champault…).
L’un des buts de Viveladétection est d’encourager les prospecteurs à répondre à ce genre d’articles. Ils doivent avoir le courage de lever et serrer le poing, de ne pas accepter l’arbitraire. La détection de loisir C’est d’ailleurs ce par quoi j’ai conclu mon discours sur les nouvelles lois au rallye Detectland.
C’est donc avec une immense joie que nous avons accueilli l’initiative de deux prospecteurs, Jonathan et Pierre qui ont contacté le Républicain Lorrain. Ils ont decrit leur quotidien de prospecteur qui se situe à des années lumière de ce qui est présenté dans l’article.
A ce titre, nous souhaitons remercier Mr Jarrige qui a publié cet article, offrant à la communauté des prospecteurs un véritable droit de réponse.
L’anecdote racontée par les deux prospecteurs est belle puisqu’il s’agit d’une histoire de restitution de plaque de poilus. Ces histoires sont loin d’être isolées puisque nous vous en avons déjà narré de nombreuses dans ces pages. Pierre et Johnathan ont donc retrouvé 2 plaques de soldat. L’une d’un vétéran de la deuxième guerre mondiale, Mahs Knepel incorporé à Lyon Central en 1938, qu’ils n’ont pas pu encore retrouver, l’autre d’un soldat de la Grande Guerre, Claude Marie Poncet. Ils ont pu retrouver les trace de ses descendants. Nos deux amis ont découvert que ce dernier a eu 12 enfants dont neuf sont encore vivants. Ils vont rencontrer une de ses filles qui a 90 ans afin de lui remettre la plaque de son père. La boucle est ainsi bouclée, «l’histoire va être retracée» comme l’explique Pierre. Ils ont même mis en vidéo leur histoire:
http://www.lefouilleur.com/forum/la-boucle-est-bouclee-t190282.html
Comme nous l’expliquons à chaque fois, l’Histoire et le Patrimoine appartiennent à toute la société et pas à une élite. Certains archéologues veulent s’arroger le monopole de la Fouille exclusive au mépris des conventions internationales. Viveladetection est là et sera là pour leur rappeler que ce n’est pas acceptable.
Olivier Jarrige a depuis publié un autre article dont nous vous conseillons la lecture; nous y intervenons à la fin via David: https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-metz-ville/2017/02/27/metz-qui-sont-les-nouveaux-chercheurs-de-tresors
Pour nos 2 passionnés qui pratiquent la détection de manière éthique, l’histoire ne ‘est pas arrêté là…la suite en octobre dans un nouvel article