L’émouvante histoire de la bague du pilote Pfaff tombé en 1944
Merci au magazine Le Fouilleur qui nous fait don de cet article paru dans le n° 47. Ci-dessus un montage des photos montrant la bague, Helga la femme du pilote, des photos du pilote Pfaff ainsi que des pièces de l’avion
Notre amis Nicolas nous raconte une histoire émouvante qui se déroule sur 15 ans. C’est celle d’une bague qui retourne à la femme de son propriétaire 70 ans plus tard. Ce récit donna lieu à plusieurs articles dans des quotidiens nationaux comme le parisien et à un reportage TV diffusé sur France 3. Tout commence en 1997 dans un bois de l’Ile de France…
Le site du crash…
L’histoire commence en 1997 lorsque j’apprends qu’un avion américain de type P47 s’est écrasé suite à un combat aérien dans la foret non loin du lieu où j’habitais à l’époque tuant son pilote le MAJOR Henri W. SCHURLDS. J’effectue quelques recherches dans ma commune et isole une zone de recherche. Je vais alors pouvoir commencer mes fouilles dans cette zone. Après plusieurs mois passent je trouve enfin le site du crash. J’exhume d’innombrable morceaux de l’avion et surtout des effets appartenant au pilote même( 5 pièces de monnaies dont deux en argent). Les mois passent, les années aussi. Survient alors un moment clef de cette histoire. Sur le site même, je mets la main sur des munitions allemandes ainsi qu’un objet qui se révélera être le système de déverrouillage du parachute portant des écritures en allemand. Je trouve cela étrange, car personne ne m’a parlé d’un autre avion tombé dans le secteur. Je décide d’aller plus loin dans mes investigations. La tempête de décembre 1999 jouera à cet égard un rôle déterminant. Elle mènera à la découverte d’éléments d’un avion allemand de type FW190 par une autre personne du secteur, Bruno. Il fera ces découvertes fortuitement et sans que l’on se croise dans la foret. J’apprends cela lors d’une réunion avec mon autre association, l’Ansa39-45, spécialisée dans la recherche d’avions écrasés. Les membres m’expliquent qu’un habitant vient de nous fournir des éléments de verrière d’un FW190.C’est là que je comprends pourquoi j’avais découvert des morceaux d’un avion allemand sur le site du P47. Chose rarissime ! Je me rends compte que deux appareils appartenant à chacun des deux camps se sont écrasés dans le même bois. Le plus étonnant est que les débris sont quasiment mélangés.
Un avion peut en cacher un autre
Retournant régulièrement sur le site du P47,je me décide à élargir ma zone de recherche et applique la méthode de “l’escargot”. Je détecte en effectuant des cercles de plus en plus larges. Je passe un sentier pédestre et c’est à ce moment que je trouve le site exact du crash de l’avion allemand. Les années passent, je récupère de nombreux autres morceaux de divers tailles et beaucoup de munitions
Le dimanche de Pacques 2006, en présence de mon père, nous décidons de faire un petit tour après le repas et nous rendons sur le site. Nous faisons alors une première belle découverte avec le manche à balais en très bon état qui était posé à même le sol. Ravis de cette fabuleuse trouvaille, je tombe ensuite sur un briquet puis des élément du parachute. J’en déduis que le pilote n’a pas eu le temps de sauter de son appareil et qu’il est mort aux commandes. C’est à ce moment que je découvre l’alliance avec la gravure: Helga 29-X-42… Qui était donc le pilote du fameux FW190 propriétaire de l’alliance ? Les années passent sans que ma question ne trouve réponse. Ni les Historiens spécialistes de la régions ni même les anciens du village n’ont d’infos à ce sujet. Jusqu’à ce mois de juillet 2012 je ne pensais plus pouvoir identifier ce pilote. C’est là que mon téléphone sonne. Au bout du fil se trouve Bruno. Nous discutons longuement et il me raconte son histoire, ses trouvailles, m’interroge au sujet des miennes puis me demande alors s’il peut de son coté lancer des recherches au sujet du pilote. Nous mettons en commun nos efforts. Je lui fournis un maximum d’informations et de photos pour le dossier.
Bruno nous raconte son intervention
Plusieurs semaines passent et c’est au mois de septembre que Bruno me contacte de nouveau et va m’informer d’une incroyable avancée. Nous avons fini par déterminer l’identité pilote, ainsi que le lieu où se trouve sa famille et bien d’autres choses encore. Je me réjouis de l’incroyable nouvelle qui sans nul doute ne peut que conduire à un dénouement heureux. Il m’apprends que le pilote Arthur PFAFF a put être identifié grâce à l’alliance ! Je laisse la parole à Bruno:
« Je me présente, je m’appelle Bruno et j’habitais il y a 13 ans à deux jets de détecteur du lieu de crash de l’avion en question. C’est donc assez naturellement que j’ai découvert ce site et les premiers morceaux de l’avion (dont la partie arrière de la verrière : morceau de 2 m 40 de long !) au début de l’année 2000. A cette époque, et avec l’aide de l’ANSA, tout ce que nous avions pu identifier était le type d’appareil (FW190) et la période de crash (fin de la guerre). Mais impossible d’aller plus loin sans une pièce qui permette d’identifier le n° d’appareil. Et le site contenant à mon goût trop d’obus en très mauvais état, j’ai arrêté de fouiller (2 enfants à charge …). J’ai déjà raconté cette histoire dans 2 articles publiés dans des revues spécialisées en 2000 et 2001. Puis début 2001, j’ai déménagé vers Toulouse et j’ai presque fini par oublier cette découverte. Presque, car je me suis depuis “associé” avec d’autres passionnés d’aéronautique et de prospection, mais en œuvrant à présent dans le sud-ouest. C’est au cours d’une recherche sur internet que je suis tombé par hasard sur l’histoire de Nicolas, de son alliance et du FW abattu dans la même commune que le “mien” ! J’ai vérifié très rapidement avec Nicolas : il s’agissait bien du même lieu de crash, que Nicolas avait à son tour fouillé en 2006, mais avec beaucoup plus d’obstination que moi (et de bien meilleurs résultats !) . J’ai alors activé (sans vraiment y croire), une véritable chaîne de recherche, uniquement en me basant sur ces informations “Helga 29/10/42 FW190″. En moins de 2 jours, le nom du pilote, la date de son crash, son lieu de naissance (Allemagne), et la ville où habitait sa femme en 1944 (Autriche) étaient trouvés ! (seul pilote des 2000 pilotes de la JG2 a avoir une femme qui s’appelait Helga). Mais le point suivant était de savoir si ce pilote avait encore de la famille et de vérifier à 100% en trouvant l’acte de mariage ! .Là ce fut plus long (3 mois) jusqu’au jour où cette chaîne de recherche me remonta l’info : oui, un fils retrouvé ! “Super ! Est-ce que je peux le joindre ?” “Oui, mais d’abord, il faut qu’il prévienne … sa mère” ! Et oui, Helga à 91 ans est toujours vivante et a pu voir la photo de l’alliance, ce qui a déclenché un moment émouvant. Elle ne vit plus en Autriche (qu’elle a quitté après la guerre), mais en Allemagne, pas très loin de Strasbourg. Et le fils ? Et bien lui vit … en France ! (après une carrière de pâtissier/boulanger en Suisse) Il parle donc parfaitement le français, ce qui a facilité nos échanges! Tout cela a été vraiment une super aventure, riche en émotions, en doutes, en attentes et qui a impliqué des acteurs de toutes origines : un Normand, un Finlandais, des Allemands, un ancien ambassadeur Britannique à Berlin, un Belge, une Alsacienne, des amateurs, des chercheurs professionnels, un universitaire, et j’en oublie !»
La cérémonie de restitution
Le pilote n’avait donc que 25 ans lors du crash qui a eu lieu le 5 juillet 1944 à 21h10. Après de multiples vérifications, la confirmation sera effective. Il s’agit du feldwebel Arthur Pfaff de la 10/JG2 née le 0 mars 1918 à Mannheim. Les premières prises de contact avec la famille du pilote ont lieu. Tout s’enchaîne à une incroyable vitesse ! Nous découvrons que le pilote est enterré au cimetière de Versailles, que sa femme Helga est toujours de ce monde et est âgée de 92 ans. Le pilote Pfaff a un fils, Gernot, qui vit actuellement en France. Ce dernier est très impatient de nous rencontrer et nous confie son étonnement et sa joie de constater que de simples personnes et françaises qui plus est, s’intéressent à l’histoire de son père et de sa famille.
Gernot PFAFF nous informe de sa venue en février. Cela ne nous laisse que peu de temps pour préparer sa venue. Nous faisons de notre mieux pour le recevoir comme il se doit. Arrive enfin ce fameux jour mémorable de mars 2013. Bruno et moi allons chercher le couple Pfaff à leur hôtel et prenons la direction du site du crash de l’avion de son père. Nous nous recueillons, puis les interviews de la presse et de la TV commencent. Nous nous rendons ensuite dans un bar de la ville afin de restituer l’alliance au cours d’une cérémonie. Je profiterais de ce moment pour lui remettre le manche à balais, le briquet, les élément du parachute et du blouson de vol ainsi que tous les instruments de bord de l’appareil que j’ai pu recueillir. C’est ce moment là que choisit Gernot PFAFF pour partager avec nous les photos de son précieux album de famille comportant des photos d’époque de ses parents. Après un bon repas, nous partons lui rendre hommage au cimetière de Versailles. Voici pour conclure deux photos qui résument à elles seules l’intense émotion que nous avons ressentie. Je vous présente Mme Helga Pfaff tenant dans ses mains l’alliance qu’elle a passé au doigt se son mari voilà plus de 70 ans. Le détecteur de métaux est quand même un merveilleux outil ! Merci à mon fidèle Garrett GTP 1350 qui m’ a accompagné pendant des années ainsi qu’à mon nouveau Teknetics T2. C’est pour ce genre d’émotion que nous pratiquons tous ce fabuleux loisir qu’est la détection de métaux.
J’ai eu, plus d’une fois, l’occasion de rechercher des descendants et de leurs renvoyer la plaque militaire de leur soldat disparu.
Ma plus belle, fut celle d’un poilu dont j’ai retrouvé la fille à qui j’ai renvoyé la plaque et cette dame qui était généalogiste et avait fait l’histoire de sa famille, m’a envoyé en retour le livre qu’elle avait publié sur ces recherches dont les correspondances de guerre de son père.
J’ai offert le livre dédicacé, à la bibliothèque de mon village ou j’avais trouvé cette plaque et ou avait combattu ce soldat.
Un magnifique cadeau pour moi